Тер-Минасян Анаид

Материал из Энциклопедия фонда «Хайазг»
Версия от 03:00, 15 января 2001; (обсуждение)
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TER- MINASSIAN Anahide

Тер-Минассян Анаид



Anahide TER-MINASSIAN


ANAHIDE TER MINASSIAN, intellectuelle et militante

Qui ne conna?t Anahide Ter Minassian ? Qui ne l'a un jour ?cout?e au cours d'une conf?rence ou d'un d?bat public. Vive, alerte, volubile, toujours pr?te ? faire front, ardente, faisant feu de tout bois et souvent pour notre bonheur les questions et les r?ponses. Pourtant dans cette salle de la Maison des Sciences de l'Homme ? Paris, Anahide est l?, tranquille, ses lunettes de myope sagement pos?es sur le bureau. Je lui parle, elle me r?pond, je l'?coute...

Premi?re question, premi?re r?ponse : qui ?tes vous, que faites vous : ? ma surprise retenue elle me parle de sa famille. "Je suis mari?e, dit-elle , m?re de 4 enfants et j'ai aussi 3 petits enfants'". Mais elle insiste pour souligner que sa vie familiale n'est pas termin?e. "Je consacre, dit-elle, un tiers de mon temps ? ma vie de famille, un deuxi?me tiers ? la recherche, et le dernier ? la cause arm?nienne'". Elle parle de son milieu social d'intellectuels modestes, de ses ?tudes d'histoire ? la Sorbonne qu'elle entreprend presque par hasard ou plut?t parce que les ?tudes de m?decine et d'astro-physique qui la tentaient ?taient trop longues et trop co?teuses; oui elle voulait faire des sciences exactes, elle s int?ressait ? l'organisation de la mati?re, ce qui l'a amen?e ? s int?resser ? l'organisation des soci?t?s humaines. C'est pareil, enfin presque... Elle devient professeur d'histoire et exerce durant treize ann?es dans divers lyc?es, obtient une agr?gation d'histoire et enseigne depuis 1969 ? l'Universit? de Paris I sur l'histoire des relations internationales et l'histoire contemporaine; elle est actuellement ma?tre de conf?rence ? l'Universit? de Paris I et charg?e de cours ? l'Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Ses recherches portent essentiellement sur l'histoire contemporaine des Arm?niens au XIXe et XXe si?cle. Ainsi les raisons qui motivent ses recherches r?sultent d'une volont? d'attirer l'attention sur le fait que les massacres et le g?nocide ne sont pas l'unique pivot autour duquel s'articule cette histoire. Ce qui I'int?resse aussi c'est l'histoire sociale et culturelle, l'histoire des mentalit?s; "mais, dit-elle, si l'on nous a enseign? qu'il fallait du recul pour faire de l'histoire, il n y a plus actuellement de diff?rence fondamentale entre l'histoire imm?diate, le journalisme et la sociologie. L'histoire est un art; elle fait appel au r?cit et ? l'imagination, je suis, tu es, nous sommes le r?sultat d'une histoire" .

Ainsi la pens?e politique arm?nienne actuelle est tributaire du pass? politique arm?nien, et Anahide insiste ici pour dire combien la jeunesse arm?nienne est ignorante de son histoire. Et lorsque je lui demande si elle est femme de r?flexion, elle dit non. Non, elle se proclame avant tout propagandiste; '"Je fais de l'agit-prop", dit-elle : femme active oui, femme d'action peut-?tre dans le sens o? elle fait conna?tre aux Fran?ais la cause arm?nienne. Mais aussi femme d'action par son engagement de militante intellectuelle au sein du parti Tachnagtsoutioun. "Mais, avoue-t-elle, mes liens avec le parti qui devraient ?tre exempts de tout sentimentalisme, sont au contraire charg?s d'affectivit?s par mes racines familiales j'appartiens au peuple Tachnag par le corps et par l'?me car il existe une mentalit? Tachnag, un esprit Tachnag, c'est un patriotisme sans faille chevill? au corps avec cette foi, cette conviction que le peuple arm?nien doit devenir ma?tre de son destin'". Et s'il existe plusieurs volets ? la cause arm?nienne dont l'un est la reconnaissance du g?nocide par les instances internationales et la Turquie, la cause arm?nienne est avant tout un probl?me territorial sur lequel se greffe le probl?me national arm?nien. 'Ainsi, confie-t-elle en parlant des derniers ?v?nements du Kharabagh et des manifestations d'Erevan, je suis heureuse d'avoir v?cu jusqu'? ce jour, car par ces manifestations, les Arm?niens ont vaincu leur peur, les interdits ont ?t? transgress?s et le peuple arm?nien a retrouv? sa dignit?. " Il existe maintenant un immense champ d'action pour la jeunesse arm?nienne, action qui doit se tourner vers l'Arm?nie Sovi?tique; qui doit soutenir les revendications arm?niennes, mais aussi changer radicalement de comportement et ne pas utiliser la langue de bois en r?p?tant ? longueur de discours, comme ce fut le cas lors du dernier meeting ? la Mutualit?, qu'il n'y a rien dans tout cela d'une quelconque remise en question des liens d'amiti?s qui lient le peuple sovi?tique au peuple arm?nien , mais qu'en m?me temps ii ne faudrait pas abuser de la situation. Il faut dire que l'amiti? russe a ?t? impos?e par l'histoire. II faut parler la langue naturelle des Arm?niens patriotes et dire que ces manifestations sont des manifestations nationalistes qui privil?gient le lien national et non pas le lien de classe qui existe entre le malheureux ouvrier de St?panakert et le pauvre prol?taire Az?ri de Bakou. La diaspora doit parler un langage clair et net, l'Etat sovi?tique n'est pas menac?. Pourtant le syst?me sovi?tique a d?velopp? le niveau culturel du peuple arm?nien, et m?me si cette culture est contr?l?e, le peuple arm?nien fait partie des nations hautement d?velopp?es. II faut d'ailleurs ici souligner que cette reconnaissance des probl?mes arm?niens co?ncide avec la s?paration biologique du g?nocide et c'est avec confiance qu'il faut aborder l'avenir du peuple arm?nien.

Nous devons nous quitter : elle me parle de ses loisirs : la lecture, la marche, la visite des mus?es, le travail chez les P?res Mekhitaristes de Vienne et de Venise, de son voyage en Arm?nie, de la peinture de Piero della Francesca qui par la rationalisation de l'espace, construit une machine picturale dont le fonctionnement m?me, par les cheminements qu'il impose ? notre regard, nous rend physiquement sensible ? la signification du r?el et du mythe.

Dikran Tchertchian, France-Arm?nie, num?ro 68, Mai 1988

http://www.acam-france.org/



Anahide TER-MINASSIAN


ANAHIDE TER MINASSIAN, intellectuelle et militante

Qui ne conna?t Anahide Ter Minassian ? Qui ne l'a un jour ?cout?e au cours d'une conf?rence ou d'un d?bat public. Vive, alerte, volubile, toujours pr?te ? faire front, ardente, faisant feu de tout bois et souvent pour notre bonheur les questions et les r?ponses. Pourtant dans cette salle de la Maison des Sciences de l'Homme ? Paris, Anahide est l?, tranquille, ses lunettes de myope sagement pos?es sur le bureau. Je lui parle, elle me r?pond, je l'?coute...

Premi?re question, premi?re r?ponse : qui ?tes vous, que faites vous : ? ma surprise retenue elle me parle de sa famille. "Je suis mari?e, dit-elle , m?re de 4 enfants et j'ai aussi 3 petits enfants'". Mais elle insiste pour souligner que sa vie familiale n'est pas termin?e. "Je consacre, dit-elle, un tiers de mon temps ? ma vie de famille, un deuxi?me tiers ? la recherche, et le dernier ? la cause arm?nienne'". Elle parle de son milieu social d'intellectuels modestes, de ses ?tudes d'histoire ? la Sorbonne qu'elle entreprend presque par hasard ou plut?t parce que les ?tudes de m?decine et d'astro-physique qui la tentaient ?taient trop longues et trop co?teuses; oui elle voulait faire des sciences exactes, elle s int?ressait ? l'organisation de la mati?re, ce qui l'a amen?e ? s int?resser ? l'organisation des soci?t?s humaines. C'est pareil, enfin presque... Elle devient professeur d'histoire et exerce durant treize ann?es dans divers lyc?es, obtient une agr?gation d'histoire et enseigne depuis 1969 ? l'Universit? de Paris I sur l'histoire des relations internationales et l'histoire contemporaine; elle est actuellement ma?tre de conf?rence ? l'Universit? de Paris I et charg?e de cours ? l'Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Ses recherches portent essentiellement sur l'histoire contemporaine des Arm?niens au XIXe et XXe si?cle. Ainsi les raisons qui motivent ses recherches r?sultent d'une volont? d'attirer l'attention sur le fait que les massacres et le g?nocide ne sont pas l'unique pivot autour duquel s'articule cette histoire. Ce qui I'int?resse aussi c'est l'histoire sociale et culturelle, l'histoire des mentalit?s; "mais, dit-elle, si l'on nous a enseign? qu'il fallait du recul pour faire de l'histoire, il n y a plus actuellement de diff?rence fondamentale entre l'histoire imm?diate, le journalisme et la sociologie. L'histoire est un art; elle fait appel au r?cit et ? l'imagination, je suis, tu es, nous sommes le r?sultat d'une histoire" .

Ainsi la pens?e politique arm?nienne actuelle est tributaire du pass? politique arm?nien, et Anahide insiste ici pour dire combien la jeunesse arm?nienne est ignorante de son histoire. Et lorsque je lui demande si elle est femme de r?flexion, elle dit non. Non, elle se proclame avant tout propagandiste; '"Je fais de l'agit-prop", dit-elle : femme active oui, femme d'action peut-?tre dans le sens o? elle fait conna?tre aux Fran?ais la cause arm?nienne. Mais aussi femme d'action par son engagement de militante intellectuelle au sein du parti Tachnagtsoutioun. "Mais, avoue-t-elle, mes liens avec le parti qui devraient ?tre exempts de tout sentimentalisme, sont au contraire charg?s d'affectivit?s par mes racines familiales j'appartiens au peuple Tachnag par le corps et par l'?me car il existe une mentalit? Tachnag, un esprit Tachnag, c'est un patriotisme sans faille chevill? au corps avec cette foi, cette conviction que le peuple arm?nien doit devenir ma?tre de son destin'". Et s'il existe plusieurs volets ? la cause arm?nienne dont l'un est la reconnaissance du g?nocide par les instances internationales et la Turquie, la cause arm?nienne est avant tout un probl?me territorial sur lequel se greffe le probl?me national arm?nien. 'Ainsi, confie-t-elle en parlant des derniers ?v?nements du Kharabagh et des manifestations d'Erevan, je suis heureuse d'avoir v?cu jusqu'? ce jour, car par ces manifestations, les Arm?niens ont vaincu leur peur, les interdits ont ?t? transgress?s et le peuple arm?nien a retrouv? sa dignit?. " Il existe maintenant un immense champ d'action pour la jeunesse arm?nienne, action qui doit se tourner vers l'Arm?nie Sovi?tique; qui doit soutenir les revendications arm?niennes, mais aussi changer radicalement de comportement et ne pas utiliser la langue de bois en r?p?tant ? longueur de discours, comme ce fut le cas lors du dernier meeting ? la Mutualit?, qu'il n'y a rien dans tout cela d'une quelconque remise en question des liens d'amiti?s qui lient le peuple sovi?tique au peuple arm?nien , mais qu'en m?me temps ii ne faudrait pas abuser de la situation. Il faut dire que l'amiti? russe a ?t? impos?e par l'histoire. II faut parler la langue naturelle des Arm?niens patriotes et dire que ces manifestations sont des manifestations nationalistes qui privil?gient le lien national et non pas le lien de classe qui existe entre le malheureux ouvrier de St?panakert et le pauvre prol?taire Az?ri de Bakou. La diaspora doit parler un langage clair et net, l'Etat sovi?tique n'est pas menac?. Pourtant le syst?me sovi?tique a d?velopp? le niveau culturel du peuple arm?nien, et m?me si cette culture est contr?l?e, le peuple arm?nien fait partie des nations hautement d?velopp?es. II faut d'ailleurs ici souligner que cette reconnaissance des probl?mes arm?niens co?ncide avec la s?paration biologique du g?nocide et c'est avec confiance qu'il faut aborder l'avenir du peuple arm?nien.

Nous devons nous quitter : elle me parle de ses loisirs : la lecture, la marche, la visite des mus?es, le travail chez les P?res Mekhitaristes de Vienne et de Venise, de son voyage en Arm?nie, de la peinture de Piero della Francesca qui par la rationalisation de l'espace, construit une machine picturale dont le fonctionnement m?me, par les cheminements qu'il impose ? notre regard, nous rend physiquement sensible ? la signification du r?el et du mythe.

Dikran Tchertchian, France-Arm?nie, num?ro 68, Mai 1988

 Ed. Parenth?ses, 1983, ISBN 2863640194  
 Il venait de la ville noire, Souvenirs d'un Arm?nien du Caucase (introduction) 
 Ed. L' Inventaire, 1988, ISBN 2910490157 
 La R?publique d'Arm?nie : 1918-1920  
 Ed. Complexe, 1989, ISBN 2870272804 
 Histoires crois?es : Diaspora , Arm?nie , Transcaucasie 
 Ed. Parenth?ses, 1997, ISBN 2863640763  
 Le kemp : une enfance intra-muros 
 Ed. Parenth?ses, 2001, ISBN 2863641042  
 Les noces noires de Gulizar (introduction)  
 Ed. Parenth?ses, 2005, ISBN 2863641387  
 Smyrne, la ville oubli?e ? m?moires d'un grand port ottoman, 1830-1930 (contribution)  
 Ed. Autrement, 2006, ISBN 2746708019  
 La R?publique d'Arm?nie : 1918-1920  
 Ed. Complexe, 2006, ISBN 280480092X

http://www.acam-france.org/